le sens caché des emojis

Diffusée depuis mars dernier sur Netflix, la mini-série Adolescence a relancé le débat au Royaume-Uni sur les violences subies et exercées par les jeunes. En six épisodes filmés en plan-séquence, le programme s’attache à rendre visibles des signaux faibles souvent ignorés des adultes : solitude, cyberharcèlement, influence de discours masculinistes… Parmi ces marqueurs discrets, l’usage détourné des emojis occupe une place centrale et agit comme le déclencheur d’un drame. Derrière leur apparence inoffensive, certains symboles servent en effet à humilier, harceler ou exclure.

C’est ce décalage de perception qu’Allianz France a choisi de documenter à travers une étude menée avec l’IFOP, accompagnée d’une campagne de sensibilisation diffusée en ligne et dans la presse. Tour d’horizon.

Langage emoji : un fossé entre générations

Les parents sont-ils en mesure de décrypter la signification des emojis utilisés par les adolescents ? D’après les intéressés, oui : 75 % des adultes estiment « comprendre le langage SMS ou emoji ». Mais la réalité semble bien différente. À peine 1,3 % des répondants ont su décoder correctement les six emojis soumis dans le cadre du test proposé par Allianz (voir image ci-dessous).

Une large part des Français interrogés ont pensé déceler une signification positive dans les exemples présentés, là où elle est profondément insultante et dangereuse. Ces chiffres soulignent la nécessité de renforcer le dialogue intergénérationnel pour mieux identifier les violences en ligne, souligne Allianz dans son communiqué.

Pour autant, les adultes ne sous-estiment pas les risques liés à ces modes de communication. 82 % du panel considère en effet que « le développement d’une langue codée augmente le risque de harcèlement ».

Une campagne pour sensibiliser au langage crypté

En complément de son étude, Allianz a souhaité sensibiliser le public au sens caché des emojis et de certaines expressions utilisées en ligne par les plus jeunes. Pour ce faire, la société a mis en place une campagne de prévention en ligne, dans la presse régionale, mais également dans les gares et métros de 377 villes de France.

Cette campagne comprend notamment un glossaire des emojis et expressions régulièrement utilisés (voir image de une). Parmi les emojis présentés, on retrouve :

• 🟣 : en jouant sur la phonétique du mot, l’emoji violet est souvent utilisé pour se référer au viol.
• 💅 : cet emoji est régulièrement employé pour signifier la féminité et peut être détourné dans le cadre d’insultes à caractère homophobe.
• 🐉 : détournement des « dragons célestes » du manga One Piece, cet emoji peut cacher une insulte antisémite.
• 💊 : symbolisant la « red pill » de Matrix, cet emoji est courant dans les milieux masculinistes.
• 🌳 : à nouveau pour des raisons phonétiques, l’emoji « arbre » peut être utilisé en lieu et place du mot « arabe », souvent dans un usage à caractère raciste.

Outre les emojis, certains mots ou acronymes peuvent également cacher des insultes. C’est notamment le cas de « KYS » (acronyme de « Kill Yourself »), de « PNJ » (pour « Personnage non joueur », soit un individu sans personnalité), ou de « tana » (insulte sexiste visant les femmes).

Une plateforme pédagogique en ligne a également été conçue pour aider les familles à comprendre le cyberharcèlement, à en repérer les signes et à dialoguer avec les jeunes. Elle décrypte le sens caché de certains emojis et expressions codées, présente les formes les plus courantes de harcèlement en ligne et propose des conseils concrets.