mistermv explique SpeeDons et son engouement
SpeeDons, le marathon caritatif de speedrun, revient pour une 5e édition. L’évènement, organisé par Xavier Dang alias mistermv, grand nom du streaming français, se tient à Lyon et sera diffusé pendant 75 heures, sans interruption du jeudi 27 février au dimanche 2 mars, sur Twitch. Inspiré des Games Done Quick américains, SpeeDons a pour but de récolter des fonds au profit de Médecins du Monde, avec pour toile de fond le speedrun : runneurs et runneuses auront pour objectif de finir des jeux vidéo le plus vite possible, dans des conditions parfois drastiques !
Après 4 éditions et près de 5 millions d’euros collectés, cette 5e édition s’annonce particulièrement riche, entre organisation bien huilée, défis techniques, mais aussi messages humanistes et runs de folie ! Tour d’horizon de SpeeDons 5, avec mistermv.

Xavier ‘mistermv’ Dang, créateur de contenu sur Twitch
Pionnier du streaming en France, mistermv, de son vrai nom Xavier Dang, est créateur de contenu sur le web, et notamment sur Twitch, depuis de longues années. Également compositeur autodidacte ou encore animateur/casteur lors d’évènements, il a créé SpeeDons, un marathon caritatif de speedrun qui se tient chaque année depuis 2021, au profit de Médecins du Monde.
Dans quel état d’esprit es-tu à l’approche de cette 5e édition de SpeeDons ?
Un petit peu en panique ! Je pensais qu’on allait me prendre sur moins de commentaires, au final je dois commenter cinq runs, sans compter d’éventuelles surprises si les gens font assez de dons ! Et puis, toujours un peu de logistique à gérer même si je suis énormément aidé maintenant. Je suis un peu moins prêt que je ne l’aurais souhaité (rires) !
Peux-tu nous rappeler un peu l’origine de SpeeDons ? Comment s’est construit l’événement, est-ce ton initiative, celle de Médecins du Monde ?
Médecins du Monde m’avait contacté via une agence pour organiser un événement ponctuel qui sort un peu du spectre habituel de la collecte de dons mensuelle, en étant sûrement inspiré par des streams à succès, notamment le ZEvent. Quand on a commencé à brainstormer, ont été évoqués dans un premier temps des concepts comme refaire quelque chose de similaire au ZEvent, faire une soirée de gala ou des compétitions…
Un marathon de contenu plus que de contenant.
Je les ai assez vite aiguillés vers le marathon de speedrun caritatif, « à la » Games Done Quick. Tout simplement parce que c’était un peu mon ADN, et que j’avais envie qu’on fasse un marathon de contenu plus que de contenant, c’est-à-dire ne pas seulement faire un gala d’influenceurs. On savait, avec l’exemple des Games Done Quick, que ça pouvait lever pas mal d’argent. On est donc parti sur cette idée-là.
Pourquoi le speedrun est-il une bonne toile de fond pour le caritatif ?
C’est, premièrement, purement dans l’ADN Twitch. Les plus grosses audiences de la plateforme, dans ses premières années, étaient du speedrun. Games Done Quick, dans un second temps et par rebond, a associé le speedrun au caritatif. Pendant des années et des années, on ne voyait que du caritatif dans les évènements de speedrun. C’est une communauté qui est de facto très motivée pour les évènements caritatifs. Elle est aussi très inclusive aussi avec beaucoup de représentations, politiquement impliquée. Les communautés Twitch d’une manière générale et du speedrun en particulier sont très motivées pour agir.
Comment expliquer la force de ces évènements en France ? Qu’il s’agisse de SpeeDons, du ZEvent, de Streamers for Palestinians/Humanity ?
Au fil des années, les vieweurs ont été habitués à ce genre d’évènements et les ont accueillis avec bienveillance, donc c’est dans la continuité. De manière plus globale, il y a beaucoup de sujets qui touchent les gens, et sur lesquels la communication des médias et du gouvernement est très opaque, qui résonnent avec un sentiment désabusé et l’envie d’agir au niveau de chacun. Certains le font de manière physique, sur le terrain, en associations ou en manifs ; d’autres, par le don ou leur motivation autour d’un évènement, montrent qu’ils sont aussi impliqués et qu’ils veulent agir sur des sujets importants, peu développés au quotidien, voire évoqués d’une manière contraire aux causes qu’on essaye d’aider. C’est un peu un tout, entre un sentiment d’adhésion et de révolte.
Un sentiment d’adhésion et de révolte.
SpeeDons est un évènement qui se veut très inclusif, à l’image du speedrun : alors que le repli sur soi et l’exclusion ont le vent en poupe, est-ce d’autant plus important de préserver ces valeurs ?
C’est un évènement qui me dépasse. On utilise mon aura et ma chaîne pour ramener un maximum de monde. Pour moi, Médecins du Monde était un super choix et cela s’est confirmé : au-delà d’agir, comme beaucoup d’ONG, sur des crises humanitaires très actuelles, ils font aussi du suivi dans des crises qui ne sont plus médiatisées, ils s’attaquent à des problématiques très peu relayées (l’accompagnement des usagers de drogues, des travailleuses du sexe, le travail autour des violences domestiques…). Ils font aussi pression sur les gouvernements et divers lobbies pour sortir du mutisme, ainsi que de la cécité sur des catastrophes humanitaires et les décisions gouvernementales qui les ont entraînées.
C’est important de rappeler tout ça. Nous avions par exemple, l’an passé, l’avant-dernier run de l’évènement avec toutes les runneuses et tous les runneurs du collectif FastAndFabs qui étaient là et avaient déployé un drapeau LGBT. Je trouve que c’est bien d’avoir cet espace-là, surtout quand on voit la tournure que prennent les différents gouvernements et réseaux sociaux. Il existe finalement peu d’espaces publics pour avoir ce genre de messages. Et ça sera encore le cas cette année à SpeeDons, avec encore des moments d’échanges en compagnie de Médecins du Monde notamment.
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D’un point de vue plus organisationnel, combien de personnes travaillent à la production de SpeeDons ?
Cette année, on a une salle de 3 000 personnes (au Palais des Congrès de Lyon, ndlr). Ce n’était pas forcément le plan de faire toujours plus grand, mais l’occasion s’est présentée et la billetterie couvre l’intégralité de la location. Mais ça exige plus de bénévoles pour suivre et sécuriser ce flux de personnes : il y en aura plus de 160 cette année. Les runneurs, runneuses, commentateurs, commentatrices représentent plus d’une centaine de personnes. Le staff : production, développement, édito, médias, c’est 20 à 30 personnes. Les ambianceurs, ambianceuses, 10 personnes. On a aussi le catering, les prestataires, les équipes de Médecins du Monde… Si l’équipe de production est réduite, elle chapeaute néanmoins un grand nombre de personnes !
Gozulting gère côté régie depuis la première édition. Ce sont trois équipes qui font des shifts de huit heures, avec des personnes qui gèrent la réalisation, l’enregistrement VOD, des ingés son, etc.
Depuis la 1re édition où tu en as fait beaucoup seul, jusqu’à cette 5e édition dotée d’une machine bien huilée, quelles sont les principales difficultés auxquelles tu as dû faire face ?
La première édition s’est déroulée en plein Covid, sans public, avec les masques… Je n’avais quasiment rien délégué, il fallait mettre en place tout le concept, toute l’organisation et tous les process. Heureusement, j’ai été assez vite aidé, pour l’administratif ou pour décider des runs sélectionnés parmi les centaines de candidatures. Puis, sur d’autres tâches, comme les incentives (des défis s’appuyant sur les dons pour influer sur certains runs, ndlr), ou les restreams internationaux cette année, sur des chaînes allemande, américaine et japonaise.
Les challenges sont souvent techniques.
Les challenges sont souvent techniques, Gozulting en gère une bonne partie. On a par exemple des runneurs qui jouent sur des vieilles consoles, des set-ups plus exotiques… Il suffit d’un signal un peu primitif de Nintendo 64, où le son ou la vidéo ne passe pas dans le convertisseur pour que l’évènement prenne une heure de retard, ce qu’il s’était passé lors de SpeeDons 1.
Des incendies qu’on sait éteindre !
La première édition était la plus hardcore : je me souviens du runneur de Final Fantasy XIII qui n’avait pas préchargé son jeu, la connexion était saturée. Des gens de Gozulting ont fait des allers-retours dans Paris pour mettre le jeu sur une clé USB, pendant qu’on calait deux runs bonus, une vraie galère (rires) ! On a toujours des incendies un peu partout mais on sait les éteindre maintenant ! On m’assure cette année que ça n’a jamais aussi bien roulé : c’est de mon côté que c’est la panique cette fois ! Le but sera toujours d’osciller entre une heure de retard et une heure d’avance maximum.
À quel point est-ce difficile de trouver des partenaires prêts à financer l’évènement ? En 2025, les marques sont-elles moins frileuses ?
On aimerait qu’un partenaire majeur puisse prendre en charge la totalité de la production, c’est là qu’on souhaite aller. C’est un évènement qui draine plus d’un million de vraies personnes, et il y en aura encore plus avec les restreams. Même si le marathon ne sera évidemment jamais dédié à la marque, un partenaire majeur aura son nom sur les overlays, des communications seront faites… C’est un peu l’enjeu pour moi. Sans oublier nos valeurs ou le cahier des charges de Médecins du Monde, qui excluent certains profils d’office.
On est tout de suite dans la récolte pour l’action.
Est-ce compliqué ? Oui et non. Les marques sont un peu plus frileuses qu’à l’époque du confinement où tout le monde avait explosé – notamment dans la tech -, son budget sponsoring. L’euphorie est un peu retombée. Mais il reste clairement de la place. L’idée pour SpeeDons, c’est d’arriver à la gratuité totale, voire au bénéfice pour Médecins du Monde avant même que l’évènement soit commencé. Je suis très content pour SpeeDons, car ça me dérangerait que ça soit un event qui coûte plus cher que ce qu’il ne rapporte. L’avantage, c’est que tout le monde fait des efforts, qu’on a une billetterie active, du merchandising, donc il y a peu de frais à avancer côté Médecins du Monde avant que l’évènement tourne, on est tout de suite dans la récolte pour l’action.
Cette année, SpeeDons sera restreamé à l’international : est-ce que cela demande une organisation particulière et que ressens-tu, sachant qu’à l’époque tu as lancé les restreams des Games Done Quick en France ?
C’est la team des revieweurs qui s’est occupée des contacts. On était très surpris de voir que Games Done Quick était très motivé. C’est assez rigolo en effet : SpeeDons est inspiré des Games Done Quick. Dès 2011, j’avais commencé à faire, à la sauvage, des restreams français peu officiels, qui a lancé la vague des restreams officiels plus tard.
Le restream de l’AGDQ, en 2013 sur la chaîne de mistermv :
C’est assez cool de voir que la boucle est bouclée. Côté organisation, mis à part les contacts, les infos pour avoir un clean feed vidéo et essayer de traduire un maximum d’éléments, ils vont faire comme nous on faisait pour restreamer leurs events. Derrière, ils sont assez autonomes, c’est ce qui est cool avec l’aspect restream : il faut de toute façon être dans la débrouille. C’est amusant de voir Games Done Quick apprendre cet aspect-là. J’ai vu qu’ils avaient prévus de super commentateurs, comme TGH, speedrunneur légendaire, qui sera là.
L’investissement, en chanson, de mistermv à l’occasion du restream français de la SGDQ 2013 :
Quel est l’impact des ambianceurs sur l’évènement, avec notamment la présence de grands noms du streaming et/ou du speedrun français ?
C’était un peu le seul choix « champagne » que j’ai fait, en me disant que c’était cool pour lancer l’évènement de ramener les communautés de chacun et chacune. C’était aussi rigolo de faire un clin d’œil aux différentes époques du speedrun : on a RealMyop et DamDam qui représentent plutôt la vieille garde, Hugo Délire ou Shisheyu, la nouvelle vague. Puis ZeratoR avec le plan caritatif. C’était important de trouver également la parité, de faire venir des gens du speedrun caritatif, comme Chachamaxx, Jarm0u, Vicky Spleen, ou encore Gom4rt. L’idée est d’avoir de plus en plus de femmes, de genres représentés, tout en ayant quelques VIP. D’autant plus que ces gens sont ravis de venir et le font bénévolement. Le but, la good vibe !
Quels seront les moments forts de ce SpeeDons 5 selon toi ?
Il va y en avoir beaucoup ! C’est de loin le planning le plus velu qu’on ait eu : même la nuit il y a des dingueries, du fait notamment du nombre de candidatures reçues et des restreams internationaux. Pour les trucs très hype, je pense bien sûr à Elden Ring, avec la course à 3 runneurs avec un niveau très proche, ça risque d’être assez fou. On a deux runs à l’aveugle, avec un bandeau sur les yeux, dont Mario 64, ce qui est assez fou car c’est un jeu en 3D, avec beaucoup d’écrans de lobby, c’est presque hallucinant que ça soit possible. On aura bien sûr des franchises iconiques, des Zelda, des Final Fantasy, du Celeste, du Hollow Knight.
L’un des grands moments de SpeeDons 2023, sur Tetris :
BDM sera à SpeeDons pour vous faire vivre les coulisses de l’évènement ! Pour assister à SpeeDons physiquement, la billetterie est toujours disponible en ligne. Rendez-vous, sinon, le jeudi 27 février dès 17h45 sur la chaîne Twitch de mistermv, sans interruption jusqu’au dimanche 2 mars au soir.
www.blogdumoderateur.com
Khamallah Abdel khalik
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